Descriptif de l’église Saint-Georges à Paillé
Rédigé en mars 1998 par Jacques BOISSIERE, Architecte des bâtiments de France
Église romane qui offre une particularité, non très importante, mais digne d’être signalée, parce que rare en Saintonge.
Les contreforts des murs Sud sont formés de groupes de trois colonnes accolées, la plus grosse au centre, toutes se terminant en cône.
Dans le mur plat de la façade, coiffée d’un pignon aigu, sont percés, une porte à un seul cintre sans décoration, un oculus, et deux baies capaniles jumelées.
Deux contreforts en forme de prisme encadrent le portail et montant jusqu’aux baies.
L’intérieur a été remaniée, aux 14ième et 15ième siècles, avec conservation de quelques parties restées debout après les destructions de la guerre de cent ans.
Dans la nef plafonnée très bas en cintre surbaissé s’ouvrent à gauche , deux grandes baies inégales donnant accès à une chapelle latérale. A droite, sur une console, se dresse une courte colonne, vestige d’une disposition antérieure.
A hauteur de l’ancienne séparation de la nef et du chœur subsistent, d’autres vestiges de la même disposition ancienne, trois colonnettes groupées en chapiteaux peu ornés, dressés sur un socle.
Entre le chœur et l’abside, deux autres groupes de colonnes doubles, également sur consoles, portent encore les départs d’une voûte abattue, en ogive cette fois ; peut-être a-t-il existé, jadis, une crypte ossuaire ou une chapelle souterraine, aujourd’hui comblée, dont la voûte dépassait le sol actuel.
L’abside carrée, relativement moderne, est éclairée par trois fenêtres sans caractère. L’église est dédiée à Saint-Georges.
L’église Saint-Georges et son histoire
Rédigé en décembre 1998 par Gaston CHABASSE et Denis CHAPACOU
Située sur l’itinéraire antique « Mediolanum Limonum » – Saintes – Poitiers, devenu l’un des quatre grands chemins de St Jacques de Compostelle, la paroisse St Georges de Paillé comptait 713 habitants à la fin du 19 ième siècle.
Distraite à la vicomté d’Aunay, la seigneurie de Paillé se trouvait avoir pour seigneurs au début du 16 ième siècle, les « De Montbron ». Suite à un mariage au cours de ce même siècle, ce furent les « De Lostanges » de Saint Alvayre qui devinrent seigneurs avec le titre de barons de Paillé.
L’église du 12ième siècle est dédiée à St Georges. Construite en moyen d’appareil et orientée selon les prescriptions liturgiques, sa nef unique semble emprunte d’une certaine symbolique des nombres : sa longueur d’environ 40 coudées correspond au nombre « 40 » cité de nombreuses fois dans les textes bibliques. Quant à sa largeur d’environ 10 coudées, c’est le nombre 10 de la tetraktys pythagoricienne, symbole de la création universelle.
Son iconographie, quoique très belle, se trouve réduite au fait des nombreux remaniements dont elle a été l’objet.
Au 15ième siècle, une chapelle seigneuriale avec accès direct au château fut accolée à la façade nord de l’église ; une grande arcade, ainsi qu’une plus petite, aménagées dans le mur de cette dernière, donnent l’impression d’un collatéral d’origine.
La façade occidentale est flanquée de deux contreforts triangulaire au centre desquels se trouve le portail en plein cintre. Un magnifique oculus situé au-dessus et dans l’axe, illumine la nef de sa lumière dorée. L’une des deux arcades du pignon porte l’unique cloche dont les inscriptions sont les suivantes :
RENE VITETCURE IHS MA SANCTE IOVANES ORA PRO NOBIS F L AN 1671 (René VITET, curé. Jésus, Marie, St Jean priez pour nous. Fondue en l’an 1671)
M DAMOYSELLE MARIE MACE PERRIN LOVIS DE LAUSTANGE BARON DE PAILLE (Marraine Damoyselle Marie Macé. Parrain Louis de Laustange, Baron de Paillé)
Il y a quelques années, une litre était encore bien visible sur cette façade occidentale devant laquelle ont été placées deux socles de croix ; l’un en provenance du fief du bénitier, vallée de la croix, le second provenant de la place où se situait l’ancien cimetière.
La façade sud a la particularité d’être flanquée de 3 contreforts-colonnes, entre deux desquels se trouve une porte en plein cintre. Deux contreforts plats se trouvent également sur cette façade où ont été ajoutés, en saillie, un petit local semblant former une partie de transept ainsi qu’une sacristie, vraisemblablement au 19ième siècle.
L’appareillage du chevet identique à l’ensemble de la construction semble indiquer qu’il n’y a pas forcément eu d’abside à l’origine. Lorsque l’on pénètre dans la nef en descendant quelques marches, une certaine impression de grandeur se dégage.
Entre les arcades ouvrant sur la chapelle latérale se trouve, à l’intérieur d’un pilier vestige de la partie nord du mur de l’église, un escalier tournant donnant accès à une chaire en pierre du 17ième ou 18ième siècle, et joignant la voûte comme pour desservir un clocher qui n’aurait pas été construit ou qui aurait été détruit. Un autel du 15ième siècle se trouve accolé à ce pilier. Quelques marches donnent accès au chœur où se trouvent plusieurs pierres tombales de la famille Lostange. Deux sont encore lisibles en assez grande partie :
- Ici gist le cœur de Hault et puissant Messire François de Lostanges de Alvayre, Chevalier de l’ordre du Roy, Seigneur de Paillé et Baron de Mauzé été or capitaine de …
- Ci gist le corps de hault et puissant Messire Louis de Lostanges de Saint Alvayre, Seigneur Baron de Paillé de Lauvergne et de Montose Mourust en la maison noble – Aintes – Mil si cent trente trois – il était âgé de 44 ans
Ce sont des colonnes sur consoles qui supportent les chapiteaux sur lesquels prennent appui les très belles voûtes d’arêtes du chevet. Le maître autel en pierre porte, enchâssé en son centre, du côté de la nef, une plaque de marbre noir sur laquelle figurent 5 croix de Malte, un au centre, une à chaque angle.
En ce qui concerne le mobilier, il est à noter deux découvertes intéressantes faites dans une partie qui avait été transformée en débarras. Il s’agit d’un ancien baptistère maintenant placé à gauche du chœur et un lavabo porte croix qui a été placé à gauche en entrant dans l’église.
N’oublions pas que les premières basiliques chrétiennes possédaient souvient un impluvium à l’intérieur duquel se trouvait une fontaine ou une vasque où figurait quelquefois l’inscription grecque « NIYONANOMHMATAMHMONANOYIN » qui pouvait se lire aussi bien de gauche à droite que de droite à gauche et qui signifiait « Lave tes péchés et non pas seulement ton visage ».
Ainsi, les fidèles pouvaient aller plus avant vers le sanctuaire à l’intérieur de l’édifice dont la dédicace, inspirée de la genèse, comportait dans son texte « voici la maison de Dieu et la porte du ciel ».